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Traversée de la Corse GT20, 22h08

Après les Alpes (2020) & les Pyrénées (2021), c’est sur l’île de beauté que j’ai décidé de vivre mon « aventure ultra » en 2022. Au programme, 580km et 10 000m de dénivelé les 20 & 21 avril dernier.

Après deux périples estivaux, c’est en avril que j’ai décidé de prendre ma dose annuelle d’émotions. Si l’annonce du projet en a surpris quelques-uns, mes « proches » n’ont pas été étonnés bien longtemps de me voir remettre le couvert. Difficile de leur faire croire de nouveau que ce projet est le dernier… Pourtant ? Tant pis ! Ceux qui l’ont vécu une nouvelle fois à mes côtés comprendront la richesse émotionnelle et humaine du projet. Ce n’est pas un défi personnel ni un besoin de reconnaissance ou de médiatisation mais une aventure. Une histoire.

A premier abord, la trace peut s’avérer sportivement moins impressionnante que les précédentes, théâtres des exploits du Tour de France. Pourtant, la Corse fut bien un des premiers projets « ultra » qui m’est monté au cerveau… Voilà plus d’un an que nous étions sur le projet. Un tel baroud, sur une île, avec 4 cyclistes au départ nécessite forcément une logistique particulière. 10 personnes ont été mobilisées sur près d’une semaine. Nombre de personnes auquel il faut ajouter les personnes impliquées en amont au projet.

En effet, cette fois, nous ne voulions pas partir la tête dans le guidon dans un projet auto-centré. Ainsi, nous avons pris le soin et le temps de nous entourer d’acteurs locaux. C’est là que l’histoire commence.

Malgré la distance, la rencontre de passionnés a marqué le KM0 du périple. Le dévouement de Corsicom (Thomas – Anthony) nous a permis de donner du sens à notre projet : rouler pour la promotion de la GT 20 Corsica. Un itinéraire fraichement conçu par l’Agence de Tourisme Corse (ATC). Un itinéraire destiné à faire la promotion de la Corse à travers la pratique du cyclisme. Cependant, les puristes n’ont pas attendu notre passage pour le pratiquer. Et si c’est un célèbre cycliste local, Christophe Santini, qui détient la marque du périple (25h15), la GT20 a déjà dépassé les frontières de l’île depuis longtemps !

C’est donc dans cette démarche promotionnelle de l’ATC que nous avons été accueillis. Dans des conditions optimales, comme les champions de la prochaine Isula Race. Cela a commencé par un partenariat avec la Corsica Ferries pour le voyage, puis La Vie Claire pour les ravitaillements, Zilia pour l’eau & Cors’Hotel pour l’hébergement à Bastia (2 nuits).

Au delà du challenge sportif et au delà de la promotion de nos équipementiers et partenaires locaux, nous avons aussi eu le bonheur de rouler pour une association. L’association « Adrien Lippini, un vélo, une vie ». Adrien était un jeune cycliste de 16 ans quand il fut mortellement accidenté. A notre modeste façon, nous avons essayé de les aider à transmettre un peu plus leur message et à sensibiliser les automobilistes Corses à partager la route.

Après une nuit dans les cabine du Corsica Ferries, 2 journées « relax » au soleil poignant de Bastia se sont profilées. Deux journées qui nous ont permis de prendre la température des routes locales, d’accorder nos violons sur la « stratégie » pour répondre aux envies de chaque cycliste au départ mais aussi (et surtout !) de s’accorder un peu de plaisir et de tourisme… Quelques verres de Pietra et une visite privilégiée du tristement célèbre stade de Furiani (SC Bastia) et il était déjà l’heure de prendre le départ. Cap au nord !

Un peu déstabilisant mais ô combien flattant, nous avons eu la chance d’accueillir, la veille et la matin du périple, une équipe de journalistes dont la télévision locale de France 3. Une jolie opportunité pour transmettre nos messages. Une jolie opportunité aussi pour garder des souvenirs d’un moment de vie entre amis.

C’est donc de la Place Napoléon (Bastia) que nous nous sommes élancés à 7h04. Tanguy, Théo, Victor et moi. Les 4 « coursiers » de notre équipe Officine-Mattio Campagnolo Cycling Club.
Après avoir avalé les 130 premiers kilomètres à 33km/h de moyenne sous l’impulsion de Tanguy, une pause s’est imposée à Saint Florent. Le moment de faire rentrer en scène Jules à la place de Tanguy. Jules, le petit stagiaire de la bande avec qui de jolis projets devraient voir le jour par la suite… Le tour du cap restera un moment fort de la traversée. Des paysages somptueux, à flan de mer. Pendant la quasi totalité, nous nous sommes retrouvés seuls avec la nature, pas une seule voiture à l’horizon. Magnifique.

Avec un vent toujours aussi important, le début d’après-midi fut un peu plus difficile pour Théo. Une cadence toujours aussi élevée, surement trop pour celui qui, comparé aux autres, n’a commencé le vélo que très récemment. Théo poursuivra sa route seul jusqu’au col de la Vierge, le point clé du parcours avec ses 34 kilomètres d’ascension. Comme pour les précédentes montées le pourcentage n’est pas la difficulté première : il faut réussir à monter en force tout en préservant la fibre pour le reste du parcours. Cependant, à ce moment là, la priorité fut plutôt de savoir comment s’habiller au sommet et avant la tombée de la nuit… A 1600m d’altitude, la voiture n’indique que 6 degrés au compteur. Le moment où Jules reprit place dans le véhicule mais aussi celui où Théo décida, à contre coeur de ranger le vélo quelques minutes après notre passage.

Pour Victor et moi, difficile de repartir sous une pluie glaciale, pourtant, après quelques kilomètres de descente, la thermostat remonta assez rapidement et la beauté des gorges en direction de Corte fit rapidement oublier toutes nos peines. La pluie ne nous quitta plus de la nuit mais les gants longs restèrent en majorité au fond de la poche.

La nuit, la voici la voilà ! Je commence à croire en fait que c’est ça qui m’euphorise et me donne envie de recommencer à chaque fois l’aventure. Ou plutôt « arriver avec 350km dans les jambes au moment de la nuit ». C’est à ce moment là que se mélange absence de lucidité et prise de conscience du chemin restant. La pluie n’arrangeant pas les choses. Pourtant, c’est un plan parfait qui s’est déroulé jusque là. Les animaux sauvages (veaux, moutons) ne se sont pas montrés très agressifs. Les cols se sont enchainés de manière rythmée et partagée avec Victor. A peine le temps de s’arrêter et de dévaliser les sucreries… Contrairement aux deux précédentes aventures, nous avions décidé de jouer la montre et de nous arrêter le moins possible.

Au milieu de la nuit, quand mon envie de parler était portée disparue, nous avons eu la surprise de retrouver Théo, Tanguy & Jules pour nous accompagner sur les 100 derniers kilomètres du périple. Un profil à tendance descendante. Bien qu’une fatigue pesante installée, leur envie de nous aider nous remit du baume au coeur. Du courage et du caractère de leur part de remonter en selle après une journée éreintante et dans des conditions météorologiques difficiles. Une belle façon de clôturer une semaine ensemble. L’image fut belle d’arriver, ensemble, à Bonifacio à 5h11 du matin. Une place désertique et un soleil encore au repos mais le sentiment du devoir accompli pour 10 passionnés.

Une traversée du Nord au Sud à vitesse grand V bouclée en 20h16 de vélo (22h07 de temps actif). Un souvenir pour toujours.

La fin du projet est un soulagement personnel. Le fruit de mois de préparation physique mais aussi logistique. Une fierté personnelle de l’avoir réalisé avec des gens que j’aime. Une fierté de l’avoir mené à bien sportivement et médiatiquement. Une fierté et un espoir important d’avoir marqué en Corse l’explosion de l’Officine Mattio Campagnolo Cycling Club !

Les prochaines semaines ne seront pas de tout repos. La tête déjà tournée sur l’évolution de l’équipe pour les négociations estivales mais, aussi, professionnellement, avec l’organisation de la Thonon Cycling Race et la Cyclosportive La Vache qui rit. Deux épreuves où je serai de l’autre côté de la barrière.

A très vite…

PHOTOS : LOUIS LEGON.

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